Après avoir souffert en 2015 puis en 2016 d’une baisse de fréquentation, les musées franciliens ont renoué avec la croissance en 2017 grâce à leurs expos temporaires : 415 000 visiteurs pour Cézanne au musée d’Orsay, 621 000 pour David Hockney au Centre Pompidou et plus d’1,2 millions pour la collection Chtchoukine à la Fondation Louis Vuitton, ouverte depuis seulement trois ans. Ce printemps 2018 est d’ailleurs marqué par l’éclosion de nouveaux lieux dédiés à la création, et par une grande effervescence en matière d’expositions.

Les incontournables

Tintoret. Naissance d’un génie (musée du Luxembourg, 19 rue Vaugirard, Paris 6e, jusqu’au 1er juillet, www.museeduluxembourg.fr)

À l’occasion du 500e anniversaire de la naissance de Jacopo Robusti (1518-1594), plus connu sous le nom de Tintoret, le musée du Luxembourg consacre une exposition aux quinze premières années de la carrière d’un des peintres les plus fascinants de la Renaissance vénitienne. Celle-ci rassemble ses œuvres de jeunesse, depuis L’Adoration des mages du musée du Prado, réalisée alors qu’il n’a pas vingt ans, jusqu’aux commandes importantes du début des années 1550 telles que La Princesse, saint Georges et saint Louis. L’ensemble brosse le portrait d’un artiste inventif qui n’hésite pas à combiner des sources d’inspiration diverses, et fait le récit d’une formidable ascension sociale.

Delacroix (1798-1863) (musée du Louvre, hall Napoléon, rue de Rivoli, Paris 1er, jusqu’au 23 juillet, www.louvre.fr)

C’est une exposition historique : le flamboyant Eugène Delacroix (1798-1863), auquel Paris n’avait pas consacré de rétrospective complète depuis 1963, année du centenaire de sa mort, se trouve célébré au musée du Louvre au travers de cent quatre-vingts œuvres. À la présentation des chefs-d’œuvre qui firent la renommée du peintre romantique aux Salons des années 1820 (Dante et Virgile aux Enfers, La Mort de Sardanapale, La Liberté guidant le peuple), l’institution associe une évaluation de l’influence du grand décor public sur sa peinture des années 1830 à 1850, ainsi qu’une analyse de sa complexe période de maturité, entre relecture personnelle et opposition au réalisme ambiant.

Artistes & Robots (Grand Palais, galeries nationales, entrée Clemenceau, place Clemenceau, Paris 8e, jusqu’au 9 juillet, www.grandpalais.fr)

Des tableaux, des sculptures, des installations, des vidéos, des morceaux de musique : toutes les œuvres réunies dans la présente exposition sont le fruit de collaborations entre des artistes et des robots. Des œuvres créées entre les années 1950 et aujourd’hui par des artistes nés entre les années 1910 et 1980, assistés de robots de plus en plus intelligents et autonomes. Des œuvres interactives, immersives et ludiques qui permettent de soulever les questions suivantes : Qu’est-ce que l’intelligence artificielle ? L’imagination artificielle existe-t-elle ? Qu’est-ce qu’un artiste ? Qu’est-ce qu’une œuvre ? Des questions intemporelles et, d’autres, on ne peut plus d’actualité.

Les coups de cœur

Margiela / Galliera, 1989-2009 (Palais Galliera, 10 avenue Pierre-Ier-de-Serbie, Paris 16e, jusqu’au 15 juillet, www.palaisgalliera.paris.fr)

En parallèle de l’exposition au musée des arts décoratifs qui se concentre sur la collaboration du couturier belge né en 1957 avec la maison Hermès de 1997 à 2003, le Palais Galliera retrace, du printemps-été 1989 au printemps-été 2009, l’intégralité de la carrière du mystérieux Martin Margiela. En cent trente silhouettes, vidéos de défilés, documents d’archives et installations inédites, cette première rétrospective parisienne revient sur le parcours d’un créateur rebelle en rupture avec les codes de son temps, et sur les gestes forts de celui qui questionna comme nul autre aussi bien les structures du vêtement que les systèmes de la mode. Plus qu’un créateur de mode, un grand artiste.

Dancing in the Street, Peter Knapp et la mode, 1960-1970 (Cité de la mode et du design, 34 quai d’Austerlitz, Paris 13e, jusqu’au 10 juin, www.citemodedesign.fr)

Peintre, graphiste, réalisateur de films, décorateur de théâtre et, surtout, directeur artistique du magazine Elle de 1959 à 1966 puis de 1974 à 1977, Peter Knapp, né en 1931 en Suisse, fut aussi photographe de mode. Un photographe de mode particulièrement inspiré qui sut accompagner l’émancipation féminine dans les années 1960 et 1970, et auquel la Cité de la mode et du design rend hommage en cent images, pour la plupart inédites. Exit la haute couture et ses poses figées en studio : dans l’objectif de Peter Knapp, les modèles se mettent en marche, courent sur les plages ou dansent dans les rues. Une leçon de photo de mode et de sociologie.

Kader Attia. Les racines poussent aussi dans le béton (MAC VAL, place de la Libération, Vitry-sur-Seine, jusqu’au 16 septembre, www.macval.fr)

D’un côté, le plasticien star de 48 ans Kader Attia, lauréat en 2016 du prestigieux prix Marcel Duchamp, qui a passé son enfance à Sarcelles. De l’autre, le MAC VAL, le musée d’art contemporain du Val-de-Marne, situé dans l’environnement bétonné de Vitry-sur-Seine. De leur rencontre est née l’exposition inédite Les racines poussent aussi dans le béton dans laquelle Kader Attia explore la relation du corps à l’architecture et, plus généralement, à ses différentes prolongations spatiales, historiques ou familiales. Un parcours initiatique qui fait judicieusement passer du politique au particulier.

Également à l’affiche

Peinture : Mary Cassatt. Une impressionniste américaine à Paris au musée Jacquemart-André (jusqu’au 23 juillet) ; Kupka. Pionnier de l’abstraction au Grand Palais (jusqu’au 30 juillet).

Architecture : Alvar Aalto. Architecte et designer à la Cité de l’architecture & du patrimoine (jusqu’au 1er juillet 2018) ; Junya Ishigami, Freeing Architecture à la Fondation Cartier pour l’art contemporain (jusqu’au 10 juin).

Pour aller plus loin : Une lutte moderne, de Delacroix à nos jours au musée Delacroix (jusqu’au 23 juillet) ; Margiela, les années Hermès au musée des arts décoratifs (jusqu’au 2 septembre).



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