Après une période faste à laquelle rien ne semblait pouvoir mettre fin, la baisse de fréquentation des musées franciliens, amorcée en 2015, s’est confirmée en 2016. Quelques raisons, tout de même, invitent à rester optimiste : les beaux scores affichés par certaines institutions, la reprise du tourisme observée en fin d’année, et la richesse de l’agenda artistique 2017 marqué par le centenaire de la mort d’Auguste Rodin et les 40 ans du Centre Pompidou. Agenda artistique au sein duquel le printemps des expos se distingue plus que jamais.

Les plus en vue

Rodin – L’exposition du centenaire (Grand Palais, galeries nationales, entrée Clemenceau, Paris 8e, jusqu’au 31 juillet, www.grandpalais.fr).

C’est bien moins le monstre sacré que le génie précurseur qui se trouve au cœur du centenaire Rodin, et donc de son événement phare, la conséquente expo du Grand Palais. Un Rodin précurseur célébré dans ses rapports au public, aux collectionneurs, mais surtout aux artistes, au fil de deux cents œuvres auxquelles sont associés de grands noms de l’art moderne et contemporain, de Picasso à Baselitz en passant par Giacometti. Fonctionnant en galaxies successives, elle démontre les apports du Rodin expressionniste et charnel – celui du Baiser ou du Penseur – ainsi que du Rodin expérimentateur et brut – celui des plâtres et de la réinvention permanente – à l’art de son temps comme à celui d’aujourd’hui.

Pissaro à Éragny. La nature retrouvée (Musée du Luxembourg, 19, rue de Vaugirard, Paris 6e, jusqu’au 9 juillet, www.museeduluxembourg.fr).

Après une absence longue de trente-cinq ans, Camille Pissarro fait son grand retour sur la scène parisienne. Parallèlement à la rétrospective que lui consacre le musée Marmottan Monet, le musée du Luxembourg offre de se concentrer sur une seule période, la dernière mais aussi la plus complexe de la carrière de l’artiste, celle passée à Éragny-sur-Epte de 1884 jusqu’à sa mort en 1903. Le paisible petit village du Vexin fut en effet pour le peintre tant le lieu du renouvellement artistique que celui de la mise en pratique de ses plus profondes convictions politiques. Une formidable porte d’entrée dans l’œuvre du premier et du dernier des impressionnistes.

Afriques Capitales (La Villette, 211, avenue Jean-Jaurès, Paris 19e, jusqu’au 28 mai, www.lavillette.com).

Une soixantaine d’artistes, toutes générations confondues, des peintures, des sculptures, des photos, des installations monumentales, des vidéos, des créations sonores… C’est bien la scène artistique contemporaine africaine dans toute sa diversité que le commissaire, Simon Njami, à qui l’on doit Africa Remix (Centre Pompidou, 2005), compte nous présenter à La Villette. En guise de fil conducteur, un motif répété à l’envi jusqu’à devenir scénographie, celui de la ville. Une ville tentaculaire, labyrinthique et imaginaire dans laquelle il fait bon se perdre, perdre ses repères, pour mieux retrouver le chemin de l’altérité.

Les coups de cœur

100 Chefs-d’œuvre de l’art moderne et contemporain arabe. La collection Barjeel (Institut du monde arabe, 1, rue des Fossés-Saint-Bernard, place Mohammed V, Paris 5e, jusqu’au 2 juillet, www.imarabe.org).

Le point de départ ? L’Institut du monde arabe accueille l’une des plus belles collections d’art moderne et contemporain arabe, celle de la Fondation Barjeel située à Sharjah aux Émirats arabes unis. Soit cent peintures, installations, sculptures et photographies de 1950 à nos jours issues d’une quinzaine de pays et signées de grands maîtres comme d’illustres inconnus. Le résultat : une superbe sélection servie par une scénographie intelligente qui nous propose une plongée dans les entrailles d’une collection, une promenade à travers l’art moderne et contemporain arabe, et un parcours à rebours de l’histoire de l’art.

Locomotive Vers 1929 Eli Lotar Épreuve gélatino-argentique d’époque, 22,9 x 14,3 cm. Achat grâce au mécénat de Yves Rocher, 2011. Ancienne collection Christian Bouqueret, collection Centre Pompidou, Paris, MNAM-CCI. © Eli Lotar

Eli Lotar, 1905-1969 (Jeu de Paume, 1, place de la Concorde, Paris 8e, jusqu’au 28 mai, www.jeudepaume.org).

Diversité des sujets abordés, des points de vue adoptés et des pratiques essayées : l’œuvre du Français d’origine roumaine Eli Lotar (1905-1969), tracée entre photo et cinéma sans idée de carrière, difficile à caractériser et à appréhender, est longtemps restée confidentielle. Au moyen d’une centaine de tirages vintage, la présente exposition entend lui redonner toute la place qu’elle mérite au sein de l’histoire de la photo en égrainant débuts modernistes, incursions documentaires teintées de surréalisme, voyages et amitiés artistiques. Défi relevé pour cette excellente rétrospective associée aux programmes des 40 ans du Centre Pompidou et du Mois de la Photo du Grand Paris.

Le monde selon Topor (BnF, site François-Mitterrand, quai François Mauriac, Paris 13e, jusqu’au 16 juillet, www.bnf.fr).

Dessinateur de génie, écrivain reconnu, artiste hors norme, aussi habile avec les mots qu’avec les images, profond et léger, intello et populaire, Roland Topor (1938-1997) a arpenté les mondes de la presse, de l’édition, du cinéma, du théâtre, de la télévision et de l’art contemporain avec la même aisance, la même distance, la même liberté. Vingt ans après sa mort, la BnF rend hommage à cette créativité débordante doublée d’une personnalité attachante au gré d’un parcours thématique confrontant judicieusement dessins originaux, publications et extraits vidéo. Tout un monde.

Également à l’affiche

Pour aller plus loin : Kiefer-Rodin au musée Rodin (jusqu’au 22 octobre) ; Camille Pissarro, « le premier des impressionnistes » au musée Marmottan Monet (jusqu’au 2 juillet).

Pour réviser ses classiques : Vermeer et les maîtres de la peinture de genre au Louvre (jusqu’au 22 mai) ; 21 rue La Boétie. Picasso, Matisse, Braque, Léger… au musée Maillol (jusqu’au 23 juillet).

Pour voyager : Autophoto à la Fondation Cartier pour l’art contemporain (jusqu’au 24 septembre) ; Aéroports / Ville-Monde à la Gaîté lyrique (jusqu’au 28 mai).



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