Jean Nouvel, c’est qui ?

Que l’on s’intéresse à l’architecture ou pas, on connaît forcément le nom de Jean Nouvel. Avec Christian de Portzamparc, Dominique Perrault et quelques autres, il est l’un des plus célèbres architectes français et le deuxième à obtenir le Pritzker (“Nobel” de l’architecture). À la tête d’une agence de plus de 150 personnes, il construit aujourd’hui, tout autour du monde, musées, centres de congrès, hôtels ou tours géantes. S’il est devenu “starchitecte”, c’est au terme d’un parcours hors du commun et de bientôt quarante années de projets, de chantiers et d’engagements.

Né en 1945 à Fumel (Lot-et-Garonne), Jean Nouvel étudie à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts où les architectes étaient formés jusqu’en 1968. Il crée sa première agence à l’âge de vingt-cinq ans. C’est avec la construction de l’Institut du Monde arabe, à Paris (1981-1987), réalisé avec Architecture Studio, que Jean Nouvel gagne ses galons. La critique architecturale s’émerveille de ce bâtiment si harmonieusement inscrit sur la courbe de la Seine et le public est fasciné par la grande façade aux moucharabiehs de fer et de verre. Un grand architecte est né, qui semble, pour le moment, réconcilier originalité de la création, qualité du bâti et plaisir de l’usager. Les projets ensuite s’enchaînent : Nemausus (logements à Nîmes, 1985-1987), Opéra de Lyon (1993), Centre des congrès de Tours (1993), Centre de culture et de congrès de Lucerne (1993-2001), Fondation Cartier (Paris, 1995), Galeries Lafayette de Berlin (1996), Cité judiciaire de Nantes (2000), extension du Musée Reina Sofia (Madrid, 1999-2005), Musée du Quai Branly (Paris, 1999-2006), Tour Agbar à Barcelone (2007)… Parmi les nombreux projets en cours, une salle philharmonique à la Villette et un “Louvre” à Abou Dhabi.

Pour autant, existe-t-il un “style Nouvel”, immédiatement reconnaissable, comme celui de Frank O Gehry (Guggenheim de Bilbao), par exemple ? À l’évidence, non et ce n’est pas le moindre de ses mérites de surprendre, à chaque nouveau projet, par sa capacité d’invention. Un secret ? Une vision, plutôt : “L’architecture est souvent considérée, selon la définition d’Auguste Perret, comme l’art d’organiser l’espace. Sans nier cette évidence, je préfère voir l’architecture, avant tout, comme la pétrification d’un moment de culture, comme le témoignage pérennisé des désirs, des centres d’intérêt de générations successives et tôt disparues”“Dieu est dans le détail” disait Mies van der Rohe pour rappeler que toute transcendance de la matière, que toute approche de l’esprit du lieu ne peut exister que dans la preuve de la justesse du rapport de la plus petite partie à l’ensemble. “Ce travail en profondeur sur les différentes échelles est la clé des plaisirs, des mystères des séductions architecturales…” écrivait-il en 2002, à l’occasion de la grande exposition que lui consacrait le Centre Georges-Pompidou, à Paris.



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