Une imprimante 3D est une machine qui produit un objet physique à partir d’un plan sur un ordinateur. Quand on parle d’impression 3D, on est souvent envahi par deux sentiments opposés : d’une part, le sentiment qu’il s’agit d’une nouveauté radicale, disruptive et d’autre part, d’un léger sentiment de déjà-vu. Oui, il y avait bien des machines de prototypages, depuis trente ans dans les laboratoires industriels, notamment dans l’aérospatiale et l’automobile. Non, il ne s’agit pas simplement de la démocratisation d’une technologie autrefois réservée à la R&D. Non, ce n’est pas le fait que la technologie ait rencontré un usage clairement identifié. Non, ce n’est pas un coup médiatique ou marketing ; il y a, chaque mois de réelles avancées technologiques. Alors de quoi s’agit-il ?

Il y a dans le monde des imprimantes 3D, un phénomène analogue à celui qui a permis l’émergence d’Internet : le choc de deux cultures. Pour Internet, il s’agissait de la culture des militaires américains d’un côté (la DARPA) et de l’autre, d’une culture de chercheurs, de hippies et de geeks. Pour les imprimantes 3D, les cultures en présence sont celles des ingénieurs spécialistes du prototypage et, de l’autre, de l’émergence du mouvement FabLab, DIY, makers fair… Il s’agit donc de découvrir et de suivre cette culture FabLab, car il y là une vraie nouveauté qui ne cesse de prendre de l’ampleur. D’autant plus que la diffusion des imprimantes 3D est favorisée par des prix d’entrée de gamme très raisonnables (moins de 1 000 euros) et que la création de nombreuses start-up dans le secteur rend le phénomène beaucoup plus visible.

Imprimante-3DEn bref, ce que l’on observe sur ce marché, c’est un effet d’emballement : des propositions technologiques renouvelées, à un rythme soutenu et qui s’accélère ; une écologie qui apparaît mêlant des producteurs, des prescripteurs, des clients, des designers, des financiers, des chercheurs et des artistes ; des usages nouveaux qui vont des prothèses dentaires à la joaillerie, en passant par la création de pièces de rechange pour les matériels militaires, sur les champs de bataille. Plus encore, c’est une nouvelle façon de produire qui apparaît. Nous connaissions l’artisanat et ses pièces uniques et chères et l’industrie et ses pièces calibrées produites en masse à un faible prix. La promesse des imprimantes 3D, c’est une production de pièces uniques ou de très petites séries, d’une qualité industrielle, à un prix très bas. Il y a là une analogie avec l’impression sur papier. Naguère pour réaliser une brochure en couleurs, il fallait une maquette, un imprimeur, une plaque offset et un grand volume pour absorber les coûts. Aujourd’hui, nous imprimons, au bureau ou à la maison, avec une qualité parfaite, le nombre d’exemplaires voulu pour une somme modique.

Cette nouvelle façon de produire ouvre de nombreuses perspectives. D’abord, une production on-demand, plus proche du besoin du consommateur et de son désir de personnalisation. Puis, l’opportunité de produire soit très loin pour abaisser encore les coûts, soit tout près de son marché pour une réactivité parfaite. Une autre dimension est apparue à l’occasion de FabLab, l’accent est mis ici sur la récupération et la réparation des dispositifs techniques : ne pas jeter, adapter, améliorer, réparer. Le modèle industriel d’obsolescence programmée (renommé pudiquement cycle de vie du produit) pourrait être rapidement battu en brèche. Dans tous les cas de figures, il y a là tous les éléments d’une révolution dans la création et la production des biens physiques. Evaluer aujourd’hui la taille du marché est difficile, il grandit rapidement et les perspectives semblent illimitées.

Au-delà de ces aspects, ce sont toutes les questions de propriété intellectuelle qui sont chamboulées, car nous entrons dans le monde des biens physiques non-concurrents. Un event_conf_marchenefammenepremier exemple de passage d’un marché de biens concurrents à celui de biens non-concurrents est celui de l’industrie de la musique après l’apparition du MP3, c’est peu dire que ce virage n’a pas été facile à prendre. Imaginez donc cette révolution pour la plupart des biens physiques !

Un marché en évolution rapide, une remise en cause de tous les modèles économiques industriels, une culture qui émerge, une révolution annoncée dans la propriété intellectuelle… et ce n’est pas tout ! Pour anticiper, autant que possible cette révolution, il faut tenir compte de la convergence entre impression 3D et nanotechnologies.

Jusqu’ici il n’existait que deux façon de produire des objets : soit en mélangeant des composés (fabrication de briques, plastiques…) soit en retirant de la matière pour faire apparaître l’objet (sculpture, extrusion…). Avec des imprimantes 3D à l’échelle nano (10-9 m), on pourra construire atome par atome avec une consommation de matières premières et d’énergie limitée au strict nécessaire. Autre particularité de l’échelle nano : la mécanique et la biologie peuvent se combiner. En agissant directement sur les atomes, il devient possible de « construire du vivant » comme on fait du Lego. Les possibilités offertes par la convergence NBIC (Nano, Bio, Informatique et Cognitif) sont gigantesques et nous amènent, dans le même temps, à nous interroger sur cette possibilité de véritablement devenir des démiurges. Les avancées technologiques des XIXè et XXè siècles tiennent à la rencontre de la mécanique (connue depuis l’Antiquité) et de l’utilisation de l’énergie fossile ou électrique. Au XXIème outre la mécanique et l’énergie, il faudra ajouter la biologie. Or on sait qu’avec trois éléments qui s’entrecroisent, on fait émerger un système complexe. Si la culture nous permet de comprendre notre monde, alors nous allons avoir grandement besoin de culture pour la décennie qui arrive.

 

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