Le cerveau, émotion ou raison ?

Jusqu’à une période très récente on a postulé la toute puissance de la raison. Ce serait elle, le fruit de notre intelligence, qui guiderait nos actes. Ce n’est que très récemment que l’on a pris conscience de l’influence capitale de nos émotions. Cette prise de conscience résulte du fait que les scientifiques viennent de montrer le rôle déterminant de certaines structures situées en dessous de nos hémisphères cérébraux, sièges de la raison. Les médecins, quant à eux, grâce aux observations cliniques de patients présentant des lésions particulières du cerveau, ont pu assigner à ces zones un rôle dans l’expression de nos émotions, et établir des relations entre l’absence d’émotion par exemple et le comportement de la personne.


Notre vie sociale, nos réactions, sont fortement influencées par nos émotions. Sans elles, notre vie se déroulerait comme un long fleuve infiniment tranquille, totalement lisse, nous serions, par exemple, insensibles au danger : la peur est un formidable système de défense. Les émotions sont de véritables moyens de communication qui renseignent sur notre état d’esprit. Outre la peur, on peut distinguer cinq autres émotions dîtes primaires : la joie, la colère, la surprise, le dégoût, et la tristesse. L’expression de chacune d’entre elles sur notre visage est universelle, reconnaissable par tous les êtres humains. Une autre émotion pourrait être qualifiée de primaire, c’est celle qui jalonne le comportement amoureux, un sentiment complexe qui fait appel à des composants érotiques, émotionnels, cognitifs difficiles à séparer les uns des autres. C’est un véritable écheveau dont nous tenterons de reconnaître les premiers fi ls. L’empathie, est une émotion dites secondaire mais cependant primordiale car on peut grâce à elle se mettre à la place de l’autre et ressentir ce qu’il ressent, en restant toutefois soi-même. Elle nous laisse partager des émotions avec autrui. Elle nous permet de reconnaître les émotions de notre prochain et y apporter la réponse que l’on juge appropriée. En ce sens, c’est un ciment essentiel de notre société.

La science, à l’aube du XXIème siècle, va être de plus en plus capable d’explorer chacune des boites noires qui composent notre cerveau et de comprendre leurs interactivités. Par là même, l’humanité est en passe de transgresser un tabou. Certains sont prêts à franchir le pas en considérant que les neurosciences, après la pensée, donnent un fondement biologique à la conscience, c’est-à-dire à notre faculté de saisir le monde qui nous entoure, d’y projeter notre propre existence et de ressentir nos états émotionnels… aborderions nous là les frontières de notre “âme” ?

Notre cerveau s’est constitué par étapes qui ont débuté avec l’apparition des poissons il y a 500 millions d’années. Ce premier cerveau se retrouve aujourd’hui chez les poissons, les amphibiens et les reptiles. Il y a environ 200 millions d’années une évolution importante s’est manifestée chez les mammifères par l’apparition des hémisphères cérébraux, encore à peine ébauchés chez les oiseaux. Puis, il y a moins de dix millions d’années, a débuté une troisième étape avec la mise en place du cerveau dit néo-mammalien, le nôtre, que nous partageons avec les Bonobos, la seconde espèce de chimpanzés apparue sur terre en même temps que la lignée humaine. Avec les bonobos, et eux seuls, nous avons en commun la réplication du bâillement (“un bon bailleur en fait bailler vingt”) et l’acceptation (a priori) permanente du mâle par leur compagne.

Notre cerveau est donc une superposition de structures : on parle de premier, second et troisième cerveau. Nous traitons des informations venant soit de notre organisme lui-même soit de notre environnement, via nos cinq sens. Ces trois structures sont bien entendu en permanente interaction pour élaborer les réactions appropriées. Toutefois les deux premières agissent de façon indépendante de notre volonté issue, elle, de notre troisième cerveau. Nos émotions, comme la peur, la colère, la haine, les réactions agressives sont gérées par le second cerveau, comme par exemple le fait de ressentir cette forte pulsion “je vais le tuer !”, mais restent sous le contrôle du troisième, celui qui nous évite de passer à l’acte. Ce second cerveau est celui de la virtuosité, du musicien, du sportif de haut niveau…. Il mémorise nos réussites et nos échecs. C’est l’adéquation ou le conflit entre le second et le troisième qui conditionnent l’échec, “la peur de gagner”, ou la réussite. L’art du “coaching” repose sur cette mise en adéquation.

L’influence de nos émotions sur notre comportement et nos aptitudes est si forte que l’évaluation d’un candidat à un poste se mesure dorénavant au “quotient émotionnel” où capacité d’empathie, réalisme, optimisme, sérénité et maîtrise de soi sont les vertus cardinales.



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