Rares sont les hommes à avoir une aura aussi grande que Shakespeare dans notre société. Proche en cela du statut que possédait Homère pour les grecs anciens, il représente l’artiste éternel dans toute sa splendeur. Le mythe Shakespeare a toutefois ceci de gênant qu’il nous cache à la fois l’artiste, sa vie et le contexte historique dans lequel elle s’est déroulée, et son œuvre, prétexte à admiration plus que véritable objet de spectacle. Qui lit aujourd’hui Roméo et Juliette, mis à part les écoliers anglo-saxons pour qui la scène du balcon est un passage tout aussi obligé que pour les nôtres la mort de Gavroche ? C’est beaucoup plus par ses adaptations modernes que le plus illustre auteur de la littérature mondiale est approché. Il semble dès lors utile de revenir au “vrai” Shakespeare, tout en se demandant quelles sont les causes d’un tel fanatisme à son propos.

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